J'ai donc soigneusement planifiée la rétrospective, notamment à l'aide de ce livre, qui est une véritable mine d'or d'activités et de jeux de groupe permettant à la fois d'introduire la rétrospective, collecter les informations, en extraire l'essentiel, prendre des décisions et clôturer la rétrospective.

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La veille au soir, j'ai donc vidé mon mur d'information et préparé mon paperboard en fonction des activités que j'avais sélectionné, et j'ai programmé le chauffage dans la salle de réunion afin qu'elle soit confortable lors du début de la rétrospective, prévue pour le lendemain matin.

J'ai commencé la séance de manière relativement traditionnelle, en présentant le principe de la rétrospective et son objectif. 

J'ai ensuite poursuivi en demandant à chacun de décrire en quelques mots ce qu'ils attendaient de cette réunion, puis de définir à bulletin secret leurs états d'esprit respectifs, à choisir parmi les possibilités suivantes :

  • Explorateur
  • Acheteur
  • Vacancier
  • Prisonnier

L'objectif de cette activité est de permettre au meneur de la rétrospective de saisir l'état d'esprit des participants et d'adapter les activités suivantes en fonction du résulat.

À ma grande joie, je n'ai eu ni vacancier ni prisonnier, et nous avons donc pu poursuivre par la timeline, qui nous a servit de base pour poursuivre notre réflexion collective.

Chaque participant a donc disposer de 10 minutes pour écrire sur des post-its verts, jaunes et oranges les événements respectivement  positifs, neutres ou négatifs qui l'ont marqué au cours du sprint écoulé, pour ensuite les classer par ordre chronologique sur une frise commune.

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Le résultat a été relativement surprenant, dans le sens ou le niko niko n'a pas fait ressortir de mécontentement significatif au quotidien alors que la timeline a fait ressortir, via une majorité de ticket orange, une insatisfaction sur la durée.

Il faut dire que j'ai participé à la timeline, alors que je n'ai pas participé au niko niko, et j'ai donc forcément biaisé quelque peu le résultat car j'ai apporté un bon lot de ticket orange, mais cela n'explique pas une divergence aussi importante.

Cela a été confirmé par le fait que lorsque j'ai demandé aux autres participants de noter le travail de l'équipe à bulletin secret, il en est ressorti qu'ils ne sont effectivement pas content du travail fourni, alors que je n'ai pas participé au vote.

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J'en ai donc conclus que les membres de l'équipe ne sont pas satisfait de leur travail ou de leurs conditions de travail au quotidien, mais qu'ils font contre mauvaise fortune bon cœur, et après discussion, il semble que ce soit là la bonne explication.

L'autre chose qui m'a choqué est qu'aucun autre membre de l'équipe n'a été dérangé par le fait que le sprint n'ai pas été achevé et qu'en conséquence le travail réalisé ne soit pas livrable.

J'avoue que cela m'a profondément dérangé car cela prouve que la notion d'engagement et de responsabilité de l'équipe n'a pas été du tout assimilée et qu'actuellement, l'équipe ne semble pas avoir de problèmes particulier à ne pas avoir réalise le travail demandé.

À ce stade, j'avais donc déjà obtenu deux axes de travail sur lesquels concentrer mes efforts pour les sprints suivants, indépendamment de ceux que l'équipe aura fait ressortir d'elle-même au cours de la rétrospective.

Après une pause d'une quinzaine de minutes, nous avons rassemblé les tickets de la timeline par problématique et chaque membre de l'équipe a ensuite réparti 4 points entre chacune d'elles, afin de faire ressortir celles sur lesquelles il était nécessaire de travailler en priorité.

Deux problématiques sont ressorties très nettement du lot, conformément aux problèmes que j'avais constaté au cours du sprint, à savoir la technique et les problèmes de qualité, et afin de trouver les causes réellement à l'origine de ces deux problèmes, nous avons appliqué la méthode des 5 pourquoi ?.

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Un membre de l'équipe a donc demandé à l'un des autres membres de l'équipe pourquoi la technique est actuellement un problème, la personne interrogée a alors répondu, par exemple, que l'équipe était souvent dérangée et a relancé le débat en demandant à son tour à un autre participant la raison pour laquelle l'équipe était souvent dérangée, et ainsi de suite jusqu'à 5 fois.

L'idée peut paraître saugrenue mais donne étonnamment de très bon résultat, car elle permet de dépasser les réponses évidentes et la langue de bois et faire ainsi ressortir les vrais problèmes, généralement à partir du troisième échange de pourquoi ?, et cela a encore été une fois confirmé.

Nous avons alors obtenu une matière suffisante pour faire un brainstorming afin de trouver un moyen de supprimer les causes de nos problèmes.

Pour cela, nous avons commencé par rédiger nos idées individuellement sur des tickets, à raison d'une idée par ticket, avant de les faire tourner de façon à ce chaque ticket passe entre les mains de chaque membre de l'équipe pour qu'il l'enrichisse au besoin ou donne son avis.

À l'issue du tour de table, nous avons dépilé les tickets et sélectionné collectivement les solutions que nous avons jugé, après débat, les plus pertinentes.

Avant de clôturer la rétrospective, j'ai également souhaité que nous évaluer sur 4 axes que j'ai, pour une fois, défini arbitrairement à partir des problèmes que j'avais constaté au cours du sprint, à savoir la simplicité, la qualité, la communication et la productivité.

Afin d'adoucir le côté dictatorial de mes choix, j'ai proposé à l'équipe de les compléter, mais elle n'a pas jugé nécessaire de le faire.

Pour obtenir la notation, j'ai utilisé la technique du radar, qui consiste a dessiner sur une feuille les axes mentionnés précédemment en étoile, et de demander à chacun des participants de noter chaque axe à bulletin secret.

Je n'ai eu ensuite qu'à dépouiller les bulletins et à reporter les notes sur chacun des axes correspondants pour obtenir une représentation graphique de la notation, que nous pourrons mettre à jour lors de chacune de nos prochaines rétrospectives afin de mesurer les progrès réalisés.

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Enfin, j'ai demandé aux participants leur feedback sur la rétrospective, afin de savoir ce qui doit être amélioré, modifié ou abandonné lors de la prochaine.

Il en est ressorti notamment que l'ensemble manquait de rythme, malgré le nombre d'activité relativement important que nous avons effectué.

Je n'ai pu qu'être d'accord avec cela, car la rétrospective a durée quasiment une journée, alors que j'avais espéré pouvoir la faire en une demie-journée.

Il faut dire que j'ai pris le temps d'expliquer beaucoup de choses et que je n'ai pas, volontairement, spécialement dirigé les débats, afin de laisser l'équipe s'approprier le processus et aller à la racine des problèmes.

Une fois l'effet découverte passé et lorsque l'équipe aura compris que c'est elle qui est au commande, j'ai bon espoir que les choses se déroule beaucoup plus rapidement.

Dans l'intervalle, je n'ai, entre guillemet, qu'à faire en sorte de responsabiliser l'équipe, à améliorer ses conditions de travail et à mettre en œuvre les décisions prises lors de cette rétrospective et à mesurer leurs impacts à l'aide de notre radar lors de celles à venir.

Je sens que je vais m'amuser !