Pour tenter de résoudre le problème, j'ai proposé d'utiliser, lors de la réunion de planification du troisième sprint, un jeu de planning poker, et de quantifier non plus la durée des tâches à réaliser, comme nous l'avions fait jusque là, mais la complexité.

Si l'équipe a accepté cette nouvelle pratique sans problème, malgré son aspect ludique et simpliste, le management ne l'a accepté que partiellement, puisqu'il a demandé que la planification soit tout de même faite en temps, et non en complexité.

Il est difficile de dire si cette nuance y a été pour quelque chose, mais reste que nous avons explosé notre planning lors de ce troisième sprint.

Nous avons en effet mis bien plus de temps à faire certaines tâches que ce que nous avions prévu, à cause à la fois d'un déficit d'information au niveau fonctionnel et de problèmes techniques imprévus.

Fort de ce nouvel échec, j'ai donc poussé très fortement, lors de la rétrospective et de la réunion de planification du quatrième sprint, pour que nous définissions une complexité et non un temps de réalisation pour nos tâches, et j'ai cette fois obtenu gain de cause.

De plus, suite à une réorientation du besoin par notre directeur de produit, nous avons eu une deuxième réunion de planification.

Or, lors de la première réunion, j'avais commencé à utiliser la technique des cartes heuristiques pour faire mes estimations de complexité, afin de voir si cette technique avait un intérêt à ce niveau, dans l'optique, si tel était le cas, de proposer que tous les membres de l'équipe l'utilise lors de réunion de planification du sprint suivant.

Et comme j'ai trouvé que cet outil m'avait bien aidé, j'ai donc saisi l'opportunité donnée par cette seconde réunion de planification pour proposer son utilisation immédiatement, et non plus pour le cinquième sprint.

Nous avons donc collectivement, au cours de cette seconde réunion, réalisés les cartes heuristiques correspondant à nos tâche, ce qui nous a obligé à définir précisément leur périmètre ainsi que leur relations.

Pour cela, en bons agilistes, nous avons eu recours aux outils à notre disposition, à savoir un tableau blanc et ses marqueurs.

J'ai dans un premier temps été tenté par l'utilisation d'un logiciel en ligne, mais après une recherche rapide, je n'ai pas été convaincu, d'autant que nous n'avions pas accès à la vidéo-projection et qu'il était encore nécessaire de valider l'intérêt de l'outil.

En conséquence, plutôt que de perdre du temps à chercher une solution qui ne sera peut être pas pérenne, j'ai préféré le pragmatisme et utiliser l'existant.

Nous avons donc discuté pendant presque deux heures, collectivement, de chacune des tâches que nous avions à réaliser pour ce sprint, et nous avons, au fur et à mesure, mis à jour nos cartes, à grand coup d'éponge et de marqueur, pour ensuite effectuer notre quantification de complexité à l'aide du planning poker.

Au final, cette quantification de la complexité a été beaucoup plus simple, car nous avons bénéficié grâce aux cartes lors de notre estimation d'un support visuel, support qui explicitait très rapidement et efficacement tout ce qu'il y avait à faire, vérifiant au passage le vieil adage disant qu'une image vaut mille mots.

La discussion a de plus permis la confrontation des points de vue, à la fois en terme fonctionnel et en terme technique, ce qui a permis de clarifier beaucoup de choses dans l'esprit des membres de l'équipe.

Enfin, les cartes ont également permis de définir rapidement l'ordre d'exécution des tâches, car elles matérialisaient très bien la hiérarchie des tâches.

Au final, à deux jours de la fin de notre sprint, nous avons un burndown chart dont la courbe pratique est pratiquement confondue avec la courbe réelle, dans le bon sens qui plus est, car nous avons une légère avance sur notre planning.

En résumé, nous sommes bien partis pour finir notre sprint dans les temps.

Pour autant, est-ce parce que nous avons planifier notre travail en fonction de la complexité, parce que nous avons utilisé des  cartes heuristiques, parce que nous avons eu plus de temps pour notre planification puisque nous avons eu deux réunions pour le faire, ou tout simplement parce que l'équipe a acquis suffisamment d'expérience ?

Il est difficile de répondre de manière absolue à cette question, et je pense que tous ces facteurs sont entrés plus ou moins en ligne de compte, à un niveau ou un autre.

L'avenir permettra peut être de le dire avec plus de certitude.