Or, lors de la ConFoo, j’ai eu l’occasion de discuter autour d’une bière et d’un morceau de saumon au coulis de fraises avec Sébastien Douche, qui pratique le développement agile depuis un certain nombre d’années.
Et parmi les nombreux trolls sujets que nous avons abordé au cours de cette soirée, l’un a été la gestion des conflits au sein d’une équipe de développement.
C’est donc au cours de cette discussion qu’il m’a parlé de la méthode des 6 chapeaux, dont l’objectif est de mettre simultanément dans le même état d’esprit l’ensemble des participants à une réunion.
Pour cela, il faut des chapeaux de couleurs différentes, chaque couleur représentant un état d’esprit :
- Le chapeau bleu représente l’organisation, et il est en général porté par le meneur de la réunion.
- Le chapeau blanc représente la neutralité. Le porteur de ce chapeau doit donc présenter les faits, et rien que le fait, sans donner son avis.
- Le chapeau jaune représente la critique positive. La personne qui le porte doit donc s’efforcer de trouver les avantages d’une solution, et uniquement ses avantages.
- Le chapeau noir est l’opposé du chapeau jaune, puisqu’il permet au chapeauté d’émettre une critique exclusivement négative.
- Le chapeau vert oblige quand à lui celui qui le porte à faire preuve de créativité, à trouver un autre chemin pour résoudre le problème à l’origine de la réunion.
- Le chapeau rouge représente quand à lui l’émotion, et en conséquence, celui qui le porte est libre de dire ce qu’il ressent sans avoir besoin de se justifier.
Il y a plusieurs façon de mener une réunion suivant la méthode des 6 chapeaux, mais dans notre cas, nos réunions se déroulent actuellement de la manière suivante.
Tout d’abord, nous avons remplacé les chapeaux par des post-it, car nous ne disposions pas de chapeaux, et en bon développeurs agiles, nous avons fait avec les moyens à notre disposition.
Or, les post-it sont colorés, et de plus, ils collent aussi bien sur un tableau que sur les vêtements.
Ensuite, le porteur du chapeau post-it bleu rappelle en quelques mots la signification de chaque couleur, avant de désigner un porteur pour le post-it blanc, qui se charge alors d’expliquer les raisons de la réunion.
Une fois cela fait, l’équipe passe au vert, afin de trouver une ou plusieurs solutions, pour ensuite les passer au crible de la critique négative puis constructive via les couleurs jaune et noire.
Et pour terminer, une fois que la meilleure solution a émergé du processus précédent, chaque participant adopte la couleur rouge afin de dire ce qu’il pense de la solution retenue, sans avoir besoin de se justifier.
J’avoue avoir été très septique lorsque Sébastien m’a présenté la méthode, sans d'ailleurs pouvoir en dire la raison ou bien peut être à cause d'une quantité de bière canadienne un peu trop élevée dans mon sang.
Et pourtant, j’ai été surpris du résultat, car les deux réunions que nous avons réalisé en suivant cette méthode se sont très bien passées, beaucoup mieux que celle à l'origine de la mise en œuvre de cette méthode.
Évidemment, il est difficile de dire que c’est exclusivement grâce aux chapeaux.
Je pense en effet que chaque participant a fait attention à son attitude et ce qu’il disait afin de ne pas une nouvelle fois plomber l’ambiance, consciemment ou non.
Cependant, dans mon cas, la méthode m’a aidé à gérer mes réactions et m’a permis de ne pas démarrer au quart de tour dès qu’une proposition que ne cadrait pas avec mes conviction était faite par un membre de l’équipe.
Elle m’a de plus obligé à analyser en profondeur les idées de mes collègues, aussi bien d’un point de vue positif que négatif, et m'a permis de voir des avantages ou des problèmes que je n'avais pas vu au premier abord.
Enfin, le fait qu’il s’agisse d’un processus clair et défini permet de gagner en productivité et de rester centrer sur le sujet.
Nos réunions ont donc été à la fois beaucoup plus courtes, car il n’y a pas eu de digressions, et plus efficaces.
En effet, nous avons sélectionné à chaque fois les meilleures solutions à nos problèmes grâce à un processus qui nous a obligé à envisager collectivement leurs aspects positifs et négatifs indépendamment de nos émotions.
Et comme l’a très justement fait remarquer l’un de mes collègues à la fin de notre première réunion haute en couleur, toute les réunions devraient se dérouler de cette manière et être aussi efficaces.
8 réactions
1 De romain - 07/04/2011, 07:41
Ben là chapeau !
Des methodes simples et ludiques qui peuvent aider a désamorcer beaucoup de tensions et ouvrir plus grand la porte de la créativité au dépend des mauvais compromis.
Y'a t'il des sanctions applicables a celui ou celle qui ne respecte pas son rôle ?
@+
2 De Julien J - 07/04/2011, 08:33
Dans une boite de consultants appelée OCTO, ils utilisent une boite à meuh pour recadrer les intervenants de la réunion. Le bruit de ce type de boite ayant, d'après eux, un effet bénéfique sur les échanges et sur l'ambiance "positive" de la réunion. A tester
3 De Marc - 07/04/2011, 14:53
Bonjour,
j'ai lu avec attention la méthode de mise en oeuvre de cette technique mais je me pose une question concernant le chapeau rouge qui, si j'ai bien compris, est censé clôturer la réunion par un avis de chaque participant sans qu'il n'ai a justifier sa position.
Dans le cas ou une partie de l'équipe (1 tiers voire la moitié) émet un avis défavorable, n'y a t-il pas un risque de commencer la journée de travail avec une équipe divisée ?
Bonne journée.
4 De mageekguy - 07/04/2011, 15:10
@Marc : Tout d'abord, l'ordre n'est pas gravé dans le marbre et peut être adapté suivant le contexte.
Celui que j'ai indiqué est juste celui qui m'a semblé le plus pertinent en tant qu'organisateur des réunions, en fonction des problèmes à résoudre.
Ensuite, il faut bien comprendre qu'une réunion est un travail d'équipe (sinon, à quoi bon en faire ?) qui doit aboutir à un consensus, et cela implique qu'il faut que chaque membre accepte la décision de l'équipe.
C'est d'autant plus facile grâce le chapeau rouge, qui permet à son porteur de vider son sac et de mettre les choses à plat.
Ainsi, il n'y a pas de non-dit, de rancœur caché, ou d'autres sentiments susceptibles d'influencer négativement dans l'avenir l'ambiance au sein du groupe.
Si tout le monde connaît sans ambiguïté la position de chacun, les choses sont finalement plus simples à gérer.
De plus, le fait de devoir examiner sur toutes les coutures les solutions possibles permet de
les réactions extrêmes, et si désaccord il y a, je pense que si la réunion est correctement menée, il ne peut pas être suffisamment profond pour avoir un impact significatif.Enfin, les avantages et les inconvénients de toutes les solutions sont étudiées par chacun des intervenants : la meilleure solution émerge donc d'elle même objectivement, et il ne peut donc y avoir débat.
De deux maux, il faut choisir le moindre, soit la solution qui a le moins d'inconvénients ou le plus d'avantages.
5 De Guile - 08/04/2011, 14:35
Ce type d'article m'intéresse réellement beaucoup!!
6 De Sébastien Douche - 08/04/2011, 15:20
Salut Fred :),
que tu sois surpris au départ ne me surprend pas, la simplicité de la méthode semble ridicule. Si ce n'est pas déjà fait, je te conseille la lecture du livre. S'il n'apporte pas grand chose sur la compréhension de la méthode (qui est très simple), il donne pas mal d'exemple sur la signification des chapeaux blanc (fait) et vert (créativité), qui sont l'air de rien assez dur à tenir.
PS : le chapeau est métaphorique, nul besoin d'en avoir ;).
@Marc : l'ordre est à adapter. Si tu sens par exemple des tensions, commencer par le chapeau rouge (enfin aprés le bleu bien sûr qui démarre / clôture la réunion) est un bon moyen de faire baisser la pression (les gens veulent surtout être écoutés, plus que de suivre leur avis). On peut mettre le chapeau rouge à la fin si l'équipe se sent bien ensemble, juste pour sentir le pouls.
7 De Amaury - 09/04/2011, 23:22
J'avais déjà entendu parler de cette méthode, mais un tel retour d'expérience est intéressant.
Ce que je trouve bien dans ce que tu dis, c'est que tu reconnais faire partie des gens qui s'énervent vite quand une discussion ne va pas dans leur sens. D'expérience, je sais que ceux qui ont ce genre de comportement sont rarement ceux qui cherchent à trouver des solutions pour rendre les réunions plus productives, car ils pensent que ça serait forcément «à leur détriment».
La première chose à faire pour que les réunions fonctionnent, c'est de faire comprendre à tous qu'il ne sert à rien de s'énerver, d'élever la voix, de couper la parole ou de virer au «passif-aggressif», parce qu'ainsi on n'obtient que l'effet inverse. Les gens sont écoutés de par leurs compétences et leurs idées ; pas par leur volonté d'imposer leurs vues.
Parfois, il faut recadrer certaines personnes pour leur rappeler qu'elles font partie d'une équipe. Quelle que soit la méthode de travail mise en œuvre, elle ne fonctionnera pas si ces personnes restent persuadées que leur intérêt personnel y gagnera à ne pas «jouer le jeu».
Après tout, la diplomatie est une qualité professionnelle.
8 De mageekguy - 14/04/2011, 09:30
@Amaury : En tant agiliste, j'essaye d'appliquer à moi-même (et aux autres dans la mesure de mes moyens) un processus d'amélioration continu :).
L'important est de ne pas prendre les choses de manière personnelle dans ce contexte, et depuis quelques années, je suis aidé par le fait que je considère que, de par mon expérience, je n'ai plus à faire mes preuves (ce qui ne veut pas dire que j'ai forcément la parole divine et que je n'ai plus rien à apprendre, mais que lorsque je dis quelque chose, ce n'est pas juste pour emmerder mon monde).