Car si l’on ajoute à tout cela le fait qu’un autre organisateur est un cabinet de recrutement, nous avons là une convergence de besoins et d’objectifs quasi parfaite, même s’ils s’en défendent.

Nous avons en effet à l’initiative de ce concours :

  • Une société dont le but est de devenir, je cite, le standard mondial de l’évaluation des compétences informatique, et qui pourra donc s’imposer comme tel d’elle-même en définissant à l’aide de ses propres outils le meilleur développeur de France ;
  • Un cabinet de recrutement qui va pouvoir à cette occasion collecter un maximum de profils et en faire commerce par la suite si les participants n’y font pas opposition par courrier postal (oui, vous avez bien lu, courrier postal…) ;
  • Une école d’informatique controversée qui va pouvoir gagner en légitimité en se présentant comme le lieu ou a été découvert le meilleur développeur de France ;

Restent deux entités qui n’ont à mes yeux qu’un rôle de relais publicitaire, à savoir developpez.com et RemixJobs, mais qui ont tout à gagner à participer à l’événement.

L’un comme l’autre ont en effet besoin de visibilité pour vivre et ce concours est une occasion en or pour en gagner à peu de frais.

Je pense donc qu’ils auraient eu bien tort de s’en priver, même si Korben, désigné comme l’un des parrains du concours et l’un des fondateurs de Remixjobs, indique qu’il n’a jamais été question de parrainage et qu’il ne joue aucun rôle dans cette opération (et j’ai tendance à le croire…).

Je ne cautionne donc pas la méthode, car je trouve détestable d’être à la fois juge et partie.

De plus, j’estime que lorsqu’on organise un tel concours, on se doit d’être irréprochable techniquement.

Or, ce n’est pas le cas, puisque les mentions légales sont une copie de celles du site d’ametix, un cabinet de recrutement du groupe Going to digital, et elles n’ont visiblement pas été nettoyées correctement.

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J’ajoute que j’ai arrêté de compter les coquilles tant il y en a dans les textes et je passerais sur le superbe billet Hello World ! figurant parmi les articles récents, ainsi que sur l'utilisation à tout crin du mot digital à la place de numérique.

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Erreurs de jeunesse, me direz-vous, et je ne peux qu’être d’accord, sauf que lorsqu’on se targue de vouloir choisir le meilleurs des meilleurs des meilleurs, on évite ce genre de boulettes car cela ne fait décidément pas très sérieux.

Enfin, dernier point qui me chagrine, j’ai bien du mal avec mes quelque douze années d’expérience à définir ce qui fait qu’un bon dévelopeur est un bon développeur, et encore moins ce qu’est un bon développeur.

Car à mon sens, il n’y a pas de développeur ultime.

Nous avons tous nos forces et nos faiblesses, en fonction de notre expérience, de notre forme physique et mentale et de notre caractère, et si individuellement nous pouvons être très bon à un moment dans certains domaines, nous pouvons tout aussi bien être une superbe tanche dans d’autres et à d’autres occasions.

Je travaille avec une équipe de développeurs depuis maintenant presque deux ans, et j’aurais bien du mal à dire lequel est meilleur qu’un autre autre, car ils ont tous une façon différente d’aborder et de résoudre un problème.

Et si dans un cas, l’un d’eux sera capable d’apporter une solution très pertinente, dans un autre, son utilité sera proche du zéro absolu.

J’ai donc énormément de mal à avoir confiance dans le jugement d’une grille d’évaluation, qui plus est définie de manière arbitraire et lissée par rapport à la moyenne, pour élire le meilleur développeur de France.

Et même si ce genre de processus de sélection était fiable techniquement parlant, il occulte l’une des composantes essentielles de notre métier, à savoir notre capacité à collaborer afin que le tout soit supérieur à la somme des parties.

Je connais en effet des développeurs très doués mais qui sont totalement incapables de travailler en équipe et qui doivent donc être cantonnés à des travaux spécifiques ne demandant qu’un minimum d’interactions avec autrui.

Malgré leur grande compétence technique, l’un d’eux peut-il être le meilleur développeur de France ?

J’ai comme un doute et il aurait été bien plus pertinent à mes yeux d’élire une équipe, à la manière de ce qui se fait dans les game dev party.

Alors, faut-il participer à ce concours ?

Mon côté intégriste me crie de vous dire qu’il ne faut pas le faire afin de ne pas cautionner la démarche de ses organisateurs qui ne cherchent à mon sens que leur propre profit dans ce projet.

Mon côté pragmatique me dit de vous dire qu’il ne faut pas en attendre plus qu’une expérience intéressante à vivre, l’occasion de faire quelques belles rencontres ainsi que la possibilité de pouvoir gagner 10000 €, une clef USB à la gloire de 42 ou de pouvoir faire le malin pendant 30 secondes lors d’une soirée entre geeks (et encore…).

Sauf que le prix du ticket d’entrée est un peu excessif à mon goût pour tout cela et que si vous voulez exhiber vos compétences, il y a d’autres moyens plus constructifs, moins onéreux et plus efficaces, comme par exemple vous lancer dans un projet open-source ou y contribuer.

Au moins, de cette façon, vous ferez avancer les choses.